Young refugee during a photo session in a squat known as les Jardins de la Poterie. Rennes, FRANCE – June 09 2017.
Jeune réfugiée du squat des Jardins de la Poterie. Rennes, FRANCE – 09/06/2017.

du 16 janvier au 13 février 2020
Vernissage lundi 3 février à 19h
La Maison Bleue

Photographie

L’exposition Exils comprend deux séries de photographies :
Opus I – Voyageurs sans bagages ni papiers
Opus II – Dans la lumière

Les photographies sont entourées de planches de textes sensibles de l’écrivaine Nathalie M’Dela Mounier, extraits de ses différents ouvrages sur la thématique de l’Exil (L’Afrique mutilée, Les Désenfantées, en collaboration avec Aminata Dramane Traoré et son dernier ouvrage A corps défendus).

Le voyage photographique de François Lepage autour de l’exil commence à Noël 2008, lorsqu’il rencontre Amadou qui, pendant 20 ans, a parcouru plusieurs pays à la recherche d’une identité, suite à l’expulsion brutale de sa famille de leur village au bord de la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal.

Près de 10 ans plus tard, le photographe reprend le cours de ce travail sur l’exil. « Un besoin de mettre des visages sur ce mot qui semble engloutir à lui seul toute notre humanité : Migrants ».

A l’été 2016, François Lepage installe un studio photographique sur le squat dit “les jardins de la Poterie” à Rennes. Un habitat éphémère dans lequel vécurent, pendant un an, 170 personnes exilées dont de nombreux enfants.
Au début, les gens passent, un peu surpris. “- Qu’est-ce que vous faites ?” lui demandent-ils, “- C’est obligatoire ?”.
Ils partent puis reviennent. Seuls ou en famille, ils défilent dans le studio, endimanchés et apprêtés. Ils se mettent en scène.
“… La prise de vues m’échappe. Je la laisse filer. Dès les premières photos, je suis troublé. La prise ne correspond pas à l’image que je m’étais faite d’eux. Peut-être les avais-je imaginés comme sur l’Affiche Rouge, “hirsutes et menaçants”. Apparaissent sous les flashes leur lumière et leur joie. Me reviennent ces mots inspirés par ceux de Léonard Cohen : “Il y a une fêlure en chaque être, ainsi la lumière peut y entrer”.

De ce travail photographique sont nées de nombreuses rencontres. Avec des gens venus des commissures d’une planète fragmentée par les murs et les barbelés ; de la Mongolie au Congo, de l’Albanie à la Tchétchénie… Avec des associations qui tiennent la barre d’une humanité en dérive (UTUD – Un toit c’est un droit, MRAP, …). Avec deux chercheuses en sciences sociales du laboratoire CNRS Espaces et Sociétés (ESO) de l’Université de Rennes 2 et une de l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes qui travaillent sur “l’habitat éphémère”. Avec des artistes aussi, de différents médiums et univers.

 

Après une formation de Lettres, François LEPAGE travaille plusieurs années en Afrique tout d’abord puis en Amérique du Nord. Collaborateur de l’agence de photojournalisme Sipa Press à Paris entre 2007 et 2017, et membre du collectif de photographes Chambre Noire depuis 2010, il rejoint en 2017 la plateforme Hans Lucas.

A la fin des années 2000, il effectue une série de reportages sur les grandes cultures d’exportations et les enjeux économiques et humains de cette exploitation. De ce travail sur l’humain confronté à la disparition d’un monde, à l’espoir, à l’exil naissent deux expositions : Variations sur fil majeur en 2010 puis Exils, voyageurs sans bagage ni papiers en 2011.

D’autres grands projets marquent son parcours : les Terres australes et les espaces protégés de France, les Chemins de l’école, porté par l’UNESCO. Il est également l’auteur de trois ouvrages sur les Terres australes et l’Antarctique.

« Mon travail photographique est né d’une curiosité insatiable pour ce qui m’entoure, la lumière – ou l’ombre – des êtres comme des choses. Au début, je voulais comprendre. Peu à peu, ce désir de compréhension a laissé place à une envie de contempler, de soulever le voile du réel, de voir. C’est le travail de l’instinct qui m’intéresse. L’image semble s’imposer à moi par elle-même tout comme si – dans des scènes du réel que je photographie – venaient se superposer et se fondre des images intérieures, inconscientes, profondes, obsédantes… »

Site de François Lepage

Seance studio avec une famille congolaise du Squat des Jardins de la Poterie. Rennes, FRANCE – 2016.
Suivez nous :

Ecrit par