En l’attente de la reprise des conférences d’Egyptologie, nous vous proposons régulièrement des études d’objets de l’Egypte antique, rédigées par Juliette Lengrand, historienne.

Aujourd’hui : “Une amulette : l’oeil-oudjat”

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Cette amulette dite “oeil-oudjat” fait partie de la collection permanente du musée du Louvre.
Elle date de la IIIe période Intermédiaire (env. 1069 à 664 avant J.-C.) ou de la Basse Epoque (env. 664 à 332 avant J.-C.).
Elle est en or et ses dimensions sont de 1,10 cm sur 0,85 cm. De très petite taille, elle était portée en pendentif.
L’amulette que nous considérons ici figure un oeil humain fardé sous lequel est ajoutée la représentation des plumes caractérisant la joue du faucon pèlerin (voir la photo plus haut). C’est l’oeil du dieu Horus, fils d’Osiris et d’Isis, s’incarnant dans le faucon, oiseau volant très haut dans le ciel et pourvu d’une vue particulièrement perçante.

Qu’est-ce qu’une amulette ? Quelle est la signification de l’amulette oeil-oudjat ?

Une amulette est un objet considéré comme ayant le pouvoir magique de protéger son propriétaire (pouvoir prophylactique) et de repousser tout mal envers lui (pouvoir apotropaïque). En Egypte ancienne, les amulettes sont portées par les vivants et les morts car elles sont glissées sous les bandelettes de la momie ou déposées dans son trousseau funéraire. Les amulettes figurent des divinités ou des symboles de protection ou de renaissance. Elles sont faites en faïence ou en métal précieux comme l’or qui est la chair des dieux, selon la religion de l’Egypte antique. Elles ont été trouvées en très grand nombre lors des fouilles archéologiques en Egypte. Dans la tombe de Toutankhamon, environ 143 amulettes ont été recueillies.

En effet, selon le mythe d’Osiris (vu dans le billet n°2), lors du violent combat entre Seth et Horus voulant se réapproprier le trône royal hérité de son père, Seth a arraché un oeil à Horus. Le dieu Thot, par sa connaissance des écritures, est un grand magicien et c’est lui qui a recueilli l’oeil blessé, l’a soigné et rendu en bon état, intact, à son propriétaire.

En égyptien ancien, le terme “intact” se traduit par le mot “oudjat”. Aussi, l’oeil d’Horus redevenu sain selon le mythe, est appelé “oeil-oudjat”. L’amulette qui le représente est devenue le symbole de ce qui est sain et complet. Placée sur la momie, elle garantit l’intégrité du corps du défunt, selon la pensée égyptienne. Portée par les vivants en pendentif, collier, bague…, elle leur donne l’assurance de la plénitude physique de la prospérité. Du fait de la grande efficacité qu’on lui prête, l’oeil-oudjat est une des amulettes les plus courantes en Egypte ancienne.

L’oeil-oudjat allie donc la représentation d’un oeil humain fardé et des signes rappelant le faucon dont l’oeil semble naturellement fardé. Il faut rappeler qu’en Egypte ancienne, les fards protègent les yeux des habitants de diverses maladies et l’oeil d’Horus se voit, lui aussi, protégé par un fard qui lui permet d’être sain, intact et lui évite tout aveuglement. Sur les murs intérieurs des temples, l’offrande rituelle des fards par pharaon aux divinités est souvent représentée en bas-relief, comme on peut le voir dans les temples de Philae et de Dendera.

Ainsi, par le biais, entre autres, des amulettes, la magie à caractère religieux imprègne les pratiques quotidiennes des anciens Egyptiens, ainsi que les rituels funéraires.

 

Juliette Lengrand, historienne

 

 

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